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Un coeur sous une soutane d'Arthur Rimbaud

Un an après avoir quitté le séminaire, Léonard, jeune prêtre, se remémore les émotions passées alors qu'il n'était encore que séminariste. A travers son journal, il nous dévoile son intimité, sa haine et sa peur du séminaire, son désir d'être poète.

Plongé dans un profond désarroi, rejeté par ses camarades séminaristes et ne pouvant s'exprimer librement, sa rencontre avec la jeune Thimothina Labinette va changer sa vie et transformer sa réalité en un doux rêve. Brusquement animé par cette passion, Léonard est transporté d'amour et d'allégresse, mais la réalité, plus forte que la poésie, brise les ailes du jeune Léonard.

Vaincu, Léonard s'engouffre dans le piège de la religion et range dans le tabernacle de son coeur la passion refroidie.

Mise en scène Lise Ageorges
Interprétation Maurici Macian-Colet

Du texte à la scène

RÉVOLTE OU RÉSIGNATION ?

Cette question, Léonard ne se la pose même pas, mais, sans le vouloir, ce séminariste amoureux va se retrouver confronté à un conflit digne des plus grands drames romantiques.

Déchiré entre son amour pour Thimothina Labinette et le devoir imposé par la société, Léonard se débat tel une marionnette tentant de s'affranchir de ses fils. Il écrit des poèmes en cachette, s'agite, se démène, se crée une vie pleine de lyrisme, mais il ne bouge pas d'un centimètre, il reste englué dans ses souliers de séminariste.

Rimbaud, âgé alors de quinze ans, prend un plaisir fou à ridiculiser son personnage d'anti-poète : il l'affuble de chaussettes puantes, lui colle une lyre et une cithare qui ne produisent que des sons discordants. La muse de Léonard, qui porte le « doux nom » de Thimothina Labinette, est également l'anti-muse : laide, brutale, elle représente la campagne française profonde engoncée dans ses traditions.

C'est contre tout cet univers bas et sans envergure que Rimbaud se révolte et c'est ce même univers qu'il essaiera de quitter en partant pour Paris. Quelques années plus tard, dans la Saison et les Illuminations, il réalisera sa révolte poétique et vitale, accomplissant ainsi son destin de poète voyant.

LA PEUR D'ÊTRE LÉONARD

Même si on rit avec Rimbaud en lisant Un cœur sous une soutane et en s'imaginant Léonard, on ne peut pas s'empêcher de penser que peut-être Léonard n'est pas si éloigné de nous et de Rimbaud.

Qui n'a pas renoncé, au moins une fois dans sa vie, à la révolte et n'a préféré la résignation et la soumission par commodité ? Léonard ne brise pas les chaînes de la religion, il ne saute pas dans l'inconnu, il reste bien au chaud dans ses chaussettes, mais Rimbaud n'a-t-il pas renoncé lui aussi en abandonnant la poésie ? Devenu marchand d'ivoire et d'armes en Afrique, Rimbaud tourne le dos à sa révolte, accroche son or autour de son ventre et sombre dans l'ennui. A la croisée de ces deux destins manqués, l'auteur Rimbaud et son personnage Léonard ne se rencontrent-ils pas ? Le chemin qui sépare la révolte de la résignation est-il si long pour celui qui ne supporte pas la réalité ?

Léonard nous fait rire et nous fait peur, il réveille en nous une angoisse profonde : celle de cesser d'exister, de n'être plus qu'une enveloppe sans cœur.

Notre mise en scène

Pour mettre en lumière la tragédie de Léonard, nous avons changé le contexte d'énonciation d'Un cœur sous une soutane. Dans la nouvelle de Rimbaud, Léonard se remémore l'époque du séminaire un an après, alors qu'il vient juste de revêtir la soutane. Dans notre interprétation, Léonard est au crépuscule de sa vie; la réévocation de son amour de jeunesse et de son élan poétique morts dans l'œuf prend alors une tout autre dimension. La farce sombre dans la tragi-comédie.

Le passé ronge le présent et fige le héros dans un temps arrêté. Ses cheveux blancs, signe du temps qui passe, contrastent avec les évènements racontés et revécus une énième fois. La soutane trop courte, la chaise minuscule, les chaussettes vissées aux pieds témoignent d'un destin avorté. Dans l'étroitesse de son monde, Léonard se rêve grand en se rappelant inlassablement son amour de jeunesse, sa révolte contre le séminaire et ses vers enflammés.

Durée du spectacle : 1h20 sans entracte

Espace de jeu : 3 x 3 m.

Éclairage : fiche technique avec plan de feu
disponible sur demande

Les photos du spectacle
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