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Les Sbires Sibériens est une compagnie fondée par deux comédiens du Théâtre de l'Épée de Bois après leur expulsion de la troupe en 2009. Ces comédiens, Lise Ageorges et Maurici Macian-Colet, conçoivent le projet de partir en Russie pour créer et jouer là-bas leur premier spectacle en tant que compagnie. Ils s'installent à Nijni-Novgorod (Russie occidentale) et mettent en scène une adaptation théâtrale de la nouvelle d'Arthur Rimbaud Un cœur sous une soutane. Le spectacle est créé à Moscou et joué ensuite dans plusieurs villes russes de l'Oural, de Sibérie et de la partie occidentale du pays. Après leur dernière à Saint-Pétersbourg et au terme de presque un an de vie russe, la compagnie s'installe à Nantes.

Ils font quelques tournées en région avec leur spectacle Un cœur sous une soutane et ils le jouent aussi pendant deux mois dans leur appartement, transformé en salle clandestine : le Grand Théâtre des Sbires. Certains soirs, ils font salle comble ! (jauge : 18 spectateurs). Parallèlement, ils se lancent dans plusieurs projets, tous inaboutis. Le dernier de ces montages inachevés sera sur un texte de Maurici Macian-Colet : Fuite idéale dans le territoire du loup, qu'il écrit exprès pour la Sibérie, où ils décident de partir au bout d'un an de vie nantaise.

Ils s'installent à Krasnoïarsk (Sibérie centrale) et entament les répétitions de la Fuite, mais Lise Ageorges ne tarde pas à abandonner Maurici, la compagnie et le théâtre définitivement. Maurici, qui s'est depuis un petit moment préparé à cette désertion annoncée, décide de rester en Sibérie. Il laisse sa pièce de côté, il accepte sa vie là-bas et il regarde.

De cette existence contemplative et presque solitaire en Sibérie naît le texte de sa nouvelle pièce : Nature morte avec sexe d'ange, qui doit beaucoup à son expérience russe. Presque un an après l'arrivée de la compagnie en Sibérie, Maurici repart, seul, sa nouvelle pièce sous le bras, avec l'intention de refonder la compagnie à Paris et de monter son texte là-bas.

Nature morte est créée, après quoi la Compagnie se lance dans le montage du Veilleur, un spectacle encore sur un texte de Maurici. Ce projet permet au fondateur des Sbires de trouver des comédiens dont il ne voudrait plus se séparer. Ce projet marque la véritable naissance de la troupe. Suivent La Nuit chinoise, version très libre du mythe de Faust, un spectacle créé juste avant la pandémie, et le seul en scène Babylone, pour lequel les sbires inversent leur rôle habituel au sein de la compagnie.

Les Sbires Sibériens, étrangers depuis leurs débuts à toute volonté de définition programmatique de leur spécificité, dessinent tout de même, peu à peu et au fil des créations, les contours de leur travail : un théâtre ancré dans le réel et dans la violence de notre monde - enraciné toutefois dans un théâtre classique fièrement revendiqué - dans lequel le langage est moins un instrument de communication qu'une arme de combat, la logique du discours moins un outil de recherche de la vérité qu'une machine, impossible à arrêter, qui produit le monde plus qu'elle ne l'explique, et dicte fatalement et presque absurdement le sort des êtres. L'inexplicable fait partie des univers de leurs pièces et nous y retrouvons le langage (son incarnation aléatoire) au moment où il a déjà renoncé à tâcher de comprendre le monde et qu'il cherche juste à y survivre.

Depuis 2019, la Compagnie Les Sbires Sibériens fait partie de RAViV (réseau des arts vivants en Île-de-France) et elle est adhérente du SYNAVI (syndicat national des arts vivants).

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